Peintre de portraits, de paysages, de natures mortes et de marines, graveur et décorateur. Après avoir passé sa prime enfance à Paris, il entre à l'âge de quatorze ans, comme apprenti-graveur-lithographe à la Société belge de Lithographie à Bruxelles. Il s'inscrit aux cours du soir de dessin à l'académie des beaux-arts de Bruxelles. De 1897 à 1900, il y complète son apprentissage de graveur. Très tôt, Brusselmans décide de devenir peintre car la profession de graveur lui déplaît. Il poursuit ses études à l'académie de 1900 à 1906. A la lecture de sa biographie, on sent une certaine réticence vis-à-vis de ses maîtres. Il préfère suivre son programme personnel et étudier la nature, s'inspirer de peintres aussi divers que P. Bruegel, J. Jordaens, G. Courbet et E. Manet. Sa première grande composition date de 1907 : "La Campagne des Pleurs" qui représente des femmes nues dans un bois. Le tableau contient des réminscences de C. Montald et de G. Courbet. Cette même année, il loue un atelier avec Rik Wouters. Il y rencontre A. Oleffe, H. Ramah, E. Tytgat, ceux que l'on nommera plus tard les fauves brabançons.En 1911 il épouse Marie-Louise Frisch dont il a un fils, Armand; devient membre du cercle L'Effort et fonde un cercle artistique Le Clan du Paruck. En 1912, il participe à son premier salon à la galerie Giroux. Pendant la Première Guerre mondiale, il réside à Auderghem où habite A. Oleffe. Les liens d'amitié qui le lient, tant à Oleffe qu'à F. Schirren et R. Wouters, se resserrent. Sur tous trois, l'influence de Cézanne sera grande, la couleur devient l'élément primordial et les thèmes intimistes, plus fréquents. De cette période date "Au Jardin" (1916, Bruxelles, M.R.B.A.B.), où Brusselmans donne une interprétation personnelle du fauvisme brabançon. Bien qu'il utilise de larges touches de couleur rectangulaires, la construction du tableau est prépondérante. Ce n'est qu'en 1921 qu'il aura sa première exposition personnelle, à la galerie Breckpot à Anvers. En 1924, il se fixe à Dilbeek et expose au Centaure à Bruxelles. En 1930, il devient membre fondateur de l'Art Vivant, à l'initiative de Paul Haesaerts, et en 1931, il participe à la fondation du groupe Les Compagnons de l'Art. Cette même année, a lieu sa première rétrospective au palais des beaux-arts de Bruxelles. La peinture de Brusselmans transcende la réalité; sa vision, épurée, arrache ses figures, les plus déshéritées, à la banalité quotidienne et les met en lumière. "Il substitue l'économie à la richesse, la pauvreté à la plénitude, la robustesse au fragile." (R.L. Delevoy), et cette naïveté dont il se targue est en fait la volonté "d'accéder à une fondamentalité cachée sous l'apparence" (J. Derrida)"J'ai travaillé pendant des années, rien que sur la nature, sans même savoir que la composition existait"; c'est spontanément que Brusselmans organise ses compositions et leur donne force. La géométrisation de la forme atteint le schématisme, la touche la structure et la scande : rectangulaire, droite ou inclinée... la matière est épaisse, dense. La couleur, opaque, soutient la construction; sa palette est sobre, des noirs, des blancs d'argent, des terre de Sienne, des bleus contrastent avec des jaunes clairs. Son œuvre s'insère dans les courants de tous les secteurs de la pensée et de son temps; elle est définie et individualisée dès ses premières manifestations; il est peut-être vain de la diviser en périodes, sombre, fauvre ou expressionniste. Comparé aux expressionnistes flamands, un C. Permeke, un G. de Smet, Brusselmans ne modifie pas la forme, il la renouvelle, il ne la déforme pas, il la défigure. Son œuvre a marqué un grand nombre d'artistes, jusqu'à laisser entrevoir un V. Adami. Brusselmans a travaillé dans la solitude, la sobriété; il parle un langage intensément humain, celui de la détresse, de l'humble et du déshérité. "Il faut autant de talent pour peindre une lampe à pétrole que pour exécuter le portrait d'une marquise"
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