Peintre, dessinateur, lithographe et illustrateur. Membre du second groupe de Laethem-Saint-Martin. Fils d'un bibliothécaire de l'université de Gand, Van den Berghe bénéficia d'une éducation soignée et baigna durant son enfance dans une atmosphère érudite et libérale. C'est à l'académie des beaux-arts de Gand, sous la direction de J. Delvin, qu'il reçut, de 1897 à 1903, sa formation artistique. A. Servaes et L. De Smet comptaient parmi ses condisciples. En 1902, il suivit également les cours d'art décoratif de F. Wante à l'école des arts et métiers. A partir de 1903, il occupa différents ateliers à Gand. Tous les étés, il se rendait à Laethem-Saint-Martin pour y travailler, en compagnie de Servaes et des frères De Smet. Ensemble ils suivaient de près la vie artistique belge, en particulier les activités du cercle bruxellois La Libre Esthétique qui organisait régulièrement des expositions d'art impressionniste et symboliste. Les œuvres du début témoignent de l'assimilation rapide du luminisme d'E. Claus et de l'impressionnisme de T. Van Rysselberghe, d'une part, de l'art français des nabis, de l'autre. Se distanciant du symbolisme à caractère religieux ou mystique de la première école de Laethem, Van den Berghe réalisa néanmoins, dès 1910, des œuvres symbolistes en dehors de tout contexte religieux. A Laethem, il côtoya un groupe d'intellectuels flamands. Parmi eux, P.G. Van Hecke joua le rôle de théoricien et d'animateur de ce qu'on appellera le deuxième groupe de Laethem. Nommé professeur à l'académie de Gand, Van den Berghe y enseigna les principes de la peinture. En 1914, il renonça à ce poste pour partir aux Etats-Unis. Pendant six mois il put s'y familiariser avec l'avant-garde internationale. De retour en Belgique au moment où la guerre éclata, il prit le chemin de la Hollande pour s'installer à Amsterdam, puis, en 1816, à Laren, chez G. De Smet. Revenu en Belgique en septembre 1917, il travailla quelque temps dans l'administration publique. Craignant d'être accusé d'activisme à la fin de la guerre, il retourna précipitamment aux Pays-Bas en janvier 1919, deux mois après l'armistice. Installé à Blaricum, près de Laren, il se rapprocha encore de ses amis Gust et Gusta De Smet. La période passée aux Pays-Bas fut pour Van den Berghe décisive. Il put se familiariser avec les tendances modernistes européennes, en particulier les débuts de l'abstraction et l'expressionnisme allemand. Leur assimilation progressive détermina l'œuvre du peintre et l'amena, vers 1920, à développer un langage expressionniste personnel ("Les Baigneuses", 1920, coll. priv.) Celui-ci se caractérise par l'emploi de tons sombres et par de grandes surfaces peintes en larges aplats. Les linos qu'il réalisa à cette époque contribuèrent à son élaboration. En 1921, Van den Berghe était de retour en Belgique. Dans un premier temps, il résida en compagnie de G. de Smet, chez C. Permeke, à Ostende. L'année suivante, les deux peintres s'installèrent à Bachte-Maria-Leerne, dans la région de Laethem-Saint-Martin, pour ensuite occuper la villa que Van Hecke mit à leur disposition à Afsnee. Les deux artistes entretenaient des contacts étroits avec Van Hecke et A. De Ridder qui, au lendemain de la guerre, par l'intermédiaire de la galerie et de la revue Sélection, s'étaient faits les défenseurs de l'expressionnisme. La galerie assurait aux artistes une existence confortable, libre de tout souci matériel. Elle permettait en outre de faire connaître leur travail à un large public par l'intermédiaire d'expositions organisées en Belgique et à l'étranger. Les tableaux réalisés dans les années 1922-1926 forment le prolongement du travail entamé en Hollande. De style expressionniste, ils se caractérisent toutefois par un climat de sérénité sans précédent dans l'œuvre. Il s'agit le plus souvent de scènes de campagne pleines d'humour et de malice. Les références à l'expressionnisme allemand sont absentes. Leur composition libre rappelle davantage Chagall, artiste bien connu des expressionnistes flamands. Rapidement toutefois sa nature contemplative reprit le dessus dans des scènes aux connotations davantage moralisantes, quoique l'humour n'en soit pas absent (le cycle de "La Femme", 1924-1925, coll. priv.) Dès 1926 se produisit un changement dans son œuvre ("Naissances", Bâle, Kunstmus.). S'éloignant du réalisme des expressionnistes flamands, Van den Berghe se laissa aller à des expérimentations formelles, expression immédiate des pensées qui l'habitaient. Cette sensibilité nouvelle rejoignait celle du surréalisme naissant. Bien introduit dans le milieu artistique bruxellois, il apprit à connaître le surréalisme à la galerie L'Epoque, fondée par Van Hecke en 1927, et y exposa aux côtés de Magritte, Arp et Ernst. Ce fut ce dernier qui l'impressionna le plus, en particulier le style et la technique libre de ses "Forêts". Les vingt-cinq œuvres sur papier exposées en 1928 à L'Epoque sont représentatives de l'orientation nouvelle. Visionnaires ou fantastiques, elles se caractérisent par une composition singulière et des associations d'images bizarres. Parallèlement, les recherches sur la matière s'accentuèrent.Encensé par les uns, critiqué par les autres - nombreux étaient ceux qui, fidèles à l'expressionnisme, lui reprochaient de ne "plus faire de la peinture" (P. Caso) -, Van den Berghe entama les années les plus productives de sa carrière. Mais la débâcle économique de 1930 et la fermeture des galeries à Bruxelles allaient avoir pour lui des conséquences négatives. Obligé pour vivre de travailler comme illustrateur au quotidien socialiste "Vooruit", il ne put plus se consacrer à son art comme auparavant. Sa production - basée essentiellement sur des compositions antérieures - diminua considérablement. Les dernières œuvres comprennent une critique amère de l'humanité ou montrent la douleur de l'artiste.
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