Peintre de fleurs et, moins fréquemment, de paysages. Fils de Pierre Seghers, négociant en soieries. Devenue veuve en 1601 ou peu après, sa mère embrassa le calvinisme et partit en Hollande où le jeune Daniel fut éduqué lui aussi dans la religion réformée et où débuta sa formation picturale dès 1605. En 1610, il est à nouveau à Anvers, où il entra dans l'atelier de J. Brueghel de Velours qui le déclara en qualité d'apprenti à la corporation de Saint-Luc en 1611. La même année, Seghers fut inscrit comme maître. Ramené au catholicisme par Brueghel, il entra dans la Compagnie de Jésus, à titre de frère coadjuteur, au noviciat de Malines le 10 décembre 1614. Il y prononça ses premiers vœux en 1616. De 1618 à 1621, il résida à la maison professe d'Anvers, puis il fut envoyé au collège de Bruxelles où il émit ses vœux définitifs le 27 juillet 1625. En signant ses tableaux, Seghers indiquera toujours à la suite de son nom, sa qualité de jésuite : "Daniel (ou D.) Seghers (ou DS en monogramme) Soc(ieta)tis Jesu". Il fut envoyé à Rome où il est mentionné à la maison du Gesù le 6 décembre 1625. De retour à Anvers en septembre 1627, sa présence est attestée à la maison professe de 1628 jusqu'à sa mort en 1661. Il y est déclaré "remarquable peintre de fleurs" (1633) et "sans égal dans (leur) représentation" (1643). Sa renommée lui amena d'illustres visiteurs et suscita des commandes de tableaux émanant des cours européennes (entre 1645 et 1651 : Frédéric Guillaume de Brandebourg, Fréderic-Henri de Nassau, Léopold-Guillaume d'Autriche, Amélie de Solms...). De son vivant, nombre d'artistes et d'hommes de lettres l'apprécièrent, notamment J. van den Vondel, Constantin Huygens, secrétaire des princes d'Orange, Lucas van Uden et surtout P.P. Rubens selon le premier biographe de Seghers, le Jésuite Thomas Dekens (1661). Seghers a dressé un inventaire de ses tableaux de fleurs (une copie du XVIIIe siècle est conservée aux Archives de la ville d'Anvers). Ce texte comporte plus de deux cent cinquante œuvres et précise le nom de leurs destinataires, dûment identifiés par W. Couvreur. Il peignit des couronnes de fleurs, dérivées de celles de Brueghel de Velours mais il en a fait des compositions opulentes entremêlant de grandes fleurs aux petites comme par exemple dans le "Triomphe de l'Amour" (Paris, Louvre) et la "Guirlande avec saint Ignace de Loyola" (Vatican, Pin.). Seghers semble avoir été l'inventeur du cartouche baroque orné de fleurs (reproduction d'un médaillon central, d'une statuette, dans un cartouche de pierre sculptée, garni de fleurs), motif qu'il impose à partir de 1630 environ et que l'on répétera jusqu'au XIXe siècle. Le bas-relief de pierre avec médaillon en trompe-l'œil était peint par des collaborateurs tels que C. Schut, E. II Quellin, A. van Diepenbeek, S. de Vos, T. Willeboirts Bosschaert, G. Seghers; sont mentionnés également comme collaborateurs Le Dominicain à Rome et deux fois Rubens. La meilleure part de l'œuvre de Seghers est incontestablement celle des bouquets dans un vase de verre, parfois placés dans une niche de pierre. Ces bouquets sont les plus souvent conçus avec quelques fleurs arrondies (roses, anémones) au-dessus desquelles jaillissent iris, lys, tulipes à long pédoncule. Des boutons de roses retombent de part et d'autre et des fleurs légères sont déposées avec tact parmi les autres. La qualité hors pair de ces peintures se mesure par la finesse de la perception visuelle, l'équilibre de la composition, la pureté des formes, le soin extrême de la facture et le coloris chatoyant où dominent les pourpres, les carmins tendres et les blanc. Les quelques paysages de la main de Seghers ont été étoffés de figures par A. Sallaert (Tronchiennes, Mais. des Jésuites - Gand, M.S.K. - Berlin, Staatl. Mus.).
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