Balat inhoudstafel Dictionnaire des peintres belges

Biographie d'artiste


BELLEGAMBE, Jean

Douai ?, vers 1470 - Douai, 1535/1536
Peintre. On peut supposer que Bellegambe a été formé à Valenciennes, où Simon Marmion a tenu un atelier à partir de 1462 jusqu'en 1491, année de son décès. La veuve de Marmion, Jeanne de Quaroube, ayant épousé Jan Provost, il est possible, voire probable, que Bellegambe ait fréquenté cet atelier, qui ne fut liquidé qu'en 1493 ou 1494, lors du départ de Provost pour Anvers et ensuite pour Bruges. Sans doute Bellegambe s'est-il installé à son propre compte peu de temps après. Grâce aux recherches de C. Dehaisnes, il est possible de reconstituer la biographie de Bellegambe et surtout de suivre ses activités artistiques d'année en année. Un grand nombre de documents dans les archives de Douai attestent, à partir de 1504, année de son mariage, sa présence jusqu'à son décès dans cette ville. D'autre part, c'est surtout R. Genaille qui, dans une série de publications, s'est attaché à l'étude de l'œuvre du peintre. Fils de parents aisés, Bellegambe a pu continuer à jouir de cette aisance grâce à de nombreuses commandes de la ville, de la collégiale Saint-Amé et des grandes abbayes et couvents de Douai et des environs. Faute de documents, on est mal informé sur les premières activités. En effet, pour le début du XVIe siècle, les comptes de la ville de Douai présentent une lacune de douze ans, et ceux de la collégiale Saint-Amé une lacune de huit ans. D'autre part, les comptes des églises paroissiales et des couvents de Douai ont malheureusement disparu. A partir de la deuxième décennie, le nom de Bellegambe apparaît régulièrement dans les comptes de la ville et de Saint-Amé pour des tableaux et retables, mais aussi pour des travaux très divers, tels que la polychromie du jubé de Saint-Amé, la confection de patrons pour des orfrois, la peinture d'armoiries, la polychromie de l'horloge du beffroi, la réalisation du patron des robes des gardes de la ville et la peinture de celles-ci, etc.La première grande œuvre connue marquée de la personnalité de Bellegambe est le triptyque de la "Glorification de la famille de saint Bernard", dit aussi "Triptyque du Cellier" (New York, Met.), commandé en 1508 par Jeanne de Boubais, abbesse de l'abbaye de Flines, et achevé en 1509. Le "Credo" ou "Polyptyque d'Anchin" (Douai, Mus. de la Chartreuse) est l'ensemble le plus remarquable dans la production du maître. Il s'agit d'un grand polyptyque, à doubles volets, comprenant neuf panneaux, qui représente, fermé, la glorification de la Sainte Croix et illustre, ouvert, le dogme du Credo avec au centre la Sainte Trinité. L'ensemble fut commandé pour l'église de l'abbaye d'Anchin par l'abbé Charles Coguin et exécuté entre 1509 et 1513. Le "Triptyque de l'Annonciation" (Saint-Pétersbourg, Ermitage) se situe vers 1516/1518 et fut peint pour Guillaume IV de Saint-Trond à l'occasion de son installation comme abbé. Pour l'échevin Jean Pottier de Douai, Bellegambe fut chargé de peindre un triptyque consacré à l'"Immaculée Conception", qu'il acheva en 1526, mais dont seuls les volets sont conservés (Douai, Mus. de la Chartreuse). Le "Bain mystique" (Lille, M.B.A.), qu'on peut situer vers 1530, est un autre triptyque commandé par Charles Coguin, probablement pour l'abbaye d'Anchin. "Le Jugement dernier" (vers 1526/1530, Berlin, Staatl. Mus.) et deux triptyques provenant de l'abbaye de Saint-Vaast à Arras (Arras, Mus.), respectivement "L'adoration de l'Enfant Jésus" (daté de 1529) et "Les apprêts de la crucifixion" (vers 1530/1532), marquent la dernière étape dans l'œuvre du peintre. Les multiples mentions dans les archives et les panneaux isolés qu'on peut lui attribuer permettent de supposer que le nombre des grands ensembles réalisés par Bellegambe devait être assez impressionnant. On peut en déduire que l'atelier a dû être très productif et que le maître disposait d'une équipe d'apprentis et de collaborateurs. Ceci est d'ailleurs confirmé, dans un cas concret, par les comptes pour les travaux qu'il exécuta en 1510/1511 pour la collégiale Saint-Amé.Au point de vue stylistique, il est difficile de préciser quelles sont les racines de l'art de cet artiste. Quelques œuvres de jeunesse qui lui sont attribuées dénotent une réminiscence de Rogier van der Weyden et de l'école de Bruges. L'isolement de la région où il a travaillé sa vie durant explique en partie le caractère particulier de son style, qui ne se rattache directement à aucun des grands courants de la peinture flamande. Un peu mou dans la conception de la figure humaine, très narratif dans son exposé, usant de compositions souvent très élaborées, Bellegambe ne semble guère avoir été influencé par les mouvements qui se manifestèrent à son époque dans les différents centres. L'influence vers 1525 du maniérisme anversois, plus particulièrement du Maître de 1518 (Jan van Dornicke ?) est très mitigée. Il n'y a d'ailleurs aucun indice selon lequel Bellegambe aurait fait quelque séjour dans un centre important comme Anvers ou Bruges. La majeure partie de son œuvre a été réalisée pour les abbayes et les institutions religieuses de Douai et des environs et porte l'empreinte de l'intervention des commanditaires. Ainsi le "Polyptyque d'Anchin" traduit en peinture un programme dicté par des théologiens soucieux de réagir contre les tendances de plus en plus fortes de la Réforme et la mise en question de certains dogmes. Pour réaliser un tel programme et d'autres, Bellegambe n'a pu se servir des formules existantes, mais a dû recourir à des compositions spécialement étudiées et conçues à cet effet. Une multitude de textes apposés sur des phylactères trahissent d'ailleurs cette intime collaboration entre le peintre et ses commanditaires. Fortement ancré dans une tradition de la fin du XVe siècle, Bellegambe, comme beaucoup d'autres artistes de son époque, n'a pu assimiler que très superficiellement les premières apparitions de l'italianisme dans nos régions. Ses architectures, très irréelles pour les espaces dans lesquels il place ses sujets, sont de structure foncièrement traditionnelle, mais greffées d'éléments transalpins. Dans l'ensemble, l'artiste a très peu évolué. C'est un peintre local, de bon métier, très appliqué, ayant eu une grande production, mais qui se trouve un peu isolé dans le paysage pictural des Pays-Bas méridionaux du premier tiers du XVIe siècle.

Rédacteur
Pauwels, Henri
Informations complémentaires
Collections, bibliographie,...

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